Ce printemps, Rotterdam met en place un projet de végétalisation inédit pour le moins surprenant : la ville va planter une mini forêt… sur l’eau ! Une initiative originale qui conquiert un territoire jusqu’alors inexploité et qui envisage autrement les municipalités côtières.
Première plate-forme portuaire d’Europe Occidentale, Rotterdam se renouvelle et imagine depuis quelques temps l’avenir de façon plus verte. Après la végétalisation d’un ancien viaduc ferroviaire, la création de toitures agricoles urbaines ou la création du Park Pompenburg, la ville se lance dans la mise en place d’une forêt artificielle dans une zone où il semble a priori impossible de planter des arbres : son port.
A l’origine de ce projet, une installation de l’artiste designer Jorge Bakker intitulée « In search of habitus » (2012) qui questionne la relation qu’entretiennent les habitants de Rotterdam avec la nature au sein d’une ville à la composition si particulière. Dans un aquarium, une série de petits arbres reliés à des flotteurs de pêche y flottent sur l’eau.
Cette œuvre semble avoir obtenu un succès particulier auprès de Jurgen Bey, Anne van der Zwaag et Jeroen Everaert du collectif Mothership, une organisation qui facilite l’accès à la culture en intégrant des oeuvres d’art directement au cœur des villes.
Convaincu par le potentiel esthétique et le message délivré par l’installation « In search of habitus », le collectif s’est emparé de l’idée et s’est mis en tête de la reproduire à échelle réelle. Après un essai encourageant en 2014, Jeroen Everaert et son équipe prévoient ainsi d’inaugurer une mini forêt flottante composée d’une vingtaine d’arbres sur les eaux hollandaises dès le 16 mars prochain. Une installation qui ne manquera pas de faire parler d’elle au pays des tulipes !
Évidemment dotée d’une dimension environnementale, cette nouvelle infrastructure a majoritairement été conçue avec des éléments recyclés. Les flotteurs sont des bouées anciennement utilisées dans le port et les arbres sont directement issus de la ville : tous situés dans des zones où s’effectuaient des travaux, ils étaient destinés à être broyés par la municipalité. La Dobberend Bos (« Forêt flottante » en néerlandais) leur offre ainsi une seconde vie… fluviale.
Si cette première en matière de végétalisation vise à améliorer l’esthétique du port et à devenir une curiosité touristique, elle permet également d’entrevoir une nouvelle possibilité d’extension du capital végétal encore peu exploitée : la conquête des mers et des fleuves.
Source : La brèche urbaine