En choisissant de mutualiser leurs ressources et services, les entreprises peuvent devenir un pôle d’attractivité pour un territoire et générer une véritable économie circulaire. En témoigne la Green Valley, grappe d’entreprises installée autour du papetier Norske Skog dans les Vosges. Reportage.
Comment s’impliquer dans le territoire où l’on se situe ? C’est la réflexion entamée il y a quelques années par le papetier norvégien Norke Skog installé à Epinal depuis 20 ans. Affaibli économiquement, en déficit de réputation dans la région, il a choisi de mutualiser ses ressources et moyens dans le but d’attirer d’autres entreprises sur son site de 80 hectares. Une stratégie au bénéfice incontestable pour les Vosges, meurtries par la crise automobile et du textile et qui réfléchissaient simultanément à des moyens de se redévelopper.
L’entreprise et la collectivité d’Epinal décident alors de travailler ensemble et créent une société de co-développement Ecodev sur la thématique du bois et éco-construction. Avec une fabrication de papiers journal de 600.000 tonnes par an, Norske Skog bénéficie d’un parc à bois conséquent. La mutualisation de sa matière première s’avère alors évidente. De quoi séduire un des plus importants fabricant de panneaux de bois isolants. Le suisse Pavatex rejoint Ecodev et s’installe à côté du papetier sur son site de Golbey. La mutualisation ne se limitera pas à la ressource bois. Station d’épuration, énergie, routes, services de gardiennage… Pavatex bénéficie de tous les actifs de Norske Skog à travers des contrats de fourniture qui lui ont coûté 20% moins cher que s’il avait construit et géré lui même toutes ces installations. Une économie non négligeable quand on sait que l’entreprise a investi 60 millions d’euros en s’implantant dans la Green Valley. Résultat : des km d’infrastructures évitées, une réduction de l’empreinte carbone, des créations d’emploi, et surtout une maîtrise de la consommation des ressources avec notamment l’économie de 9 000 tonnes de bois et de 90 000m3 d’eau par an. Ainsi, l’initiative a été lauréate du prix Entreprises et Environnement 2014 dans la catégorie économie circulaire décérné par le Ministère de l’Ecologie à Pollutec.
C’est tout l’intérêt de l’écologie industrielle : tenter de découpler la consommation des ressources de la croissance économique. L’écologie industrielle et territoriale est un des volets de la loi sur la transition énergétique. L’Etat encourage les régions à élaborer des stratégies d’économie circulaire dans lesquelles les collectivités locales ont un rôle clé : identifier les synergies possibles entre les entreprises, les fédérer, et créer un cadre favorable à leur implantation. A ce jour, une cinquantaine de démarches ont été recensées en France. La prolifération et la concrétisation de ce type de projets nécessitent toutefois la levée de certains obstacles comme l’absence de foncier sur certains territoires ou les freins règlementaires tel que le statut de déchet dont l’assouplissement favoriserait les synergies entre entreprises autour de la valorisation de leurs résidus.
Source : Actu-Environnement