vu sur :
Vues du ciel, les deux serres détonnent dans le paysage du quartier de l’Horloge. Depuis juillet 2015, Romainville accueille la société Le Paysan Urbain, ferme urbaine fondée par Benoit Liotard. « Il s’agit d’un projet d’agriculture urbaine qui a pour objet la mise en pratique des enjeux du développement durable, qu’ils soient sociaux, environnementaux, ou économiques », explique-t-il pour l’Écho d’Île-de-France. L’objectif est double : sensibiliser aux problématiques environnementales en milieu urbain et favoriser l’insertion de personnes exclues du marché de l’emploi.
Son idée séduit, et la ville met à sa disposition un terrain, avec une première serre de 50 m2. « La petite serre nous a permis d’étudier le marché pour la vente de nos produits. » Les résultats sont concluants : en novembre 2015, le Paysan Urbain reçoit le prix de l’Économie Sociale et Solidaire, remis par la communauté d’agglomération Est Ensemble.
Un modèle économique viable
Depuis, les cultures se sont intensifiées. Une nouvelle serre de 160 m2 a vu le jour, elle sera suivie dès l’automne prochain d’une troisième. Fidèle à ses intentions, le Paysan Urbain emploie aujourd’hui trois salariés, en contrat d’un à deux ans. «L’objectif est de les réhabituer à travailler et à rentrer dans un rythme. Leur faire suivre des formations, les accompagner sur leurs problèmes personnels, pour qu’à la sortie ils puissent trouver un emploi dans une entreprise qui ne soit pas de l’insertion », précise le fondateur de la structure.
Au-delà des aides des collectivités, le Paysan Urbain peut aussi compter sur ses propres ressources. La société a en effet misé sur la production de micro-pousses sur tables de culture, ce qui lui permet de s’installer sur n’importe quel terrain, tout en continuant à produire bio. Les récoltes sont ensuite vendues sous la marque “La Belle Pousse” en circuits courts, sous forme de paniers biologiques, à des restaurateurs ou des épiceries des alentours et du Nord Est parisien.
L’agriculture urbaine comme « vitrine »
Pour élargir son champ d’action, le Paysan Urbain propose également des chantiers participatifs ouverts à tous. « Nous travaillons actuellement sur l’installation d’un poulailler, pour ramener les animaux en ville et reconnecter les enfants. Pour qu’ils sachent d’où vient un œuf, ou comment on s’occupe d’une poule. » À terme, la ferme proposera un échange des déchets contre des œufs, pour sensibiliser les plus jeunes à la question des déchets, de leur avenir et de leur réutilisation. « Nous voulons nous servir de l’agriculture urbaine comme d’une vitrine des bonnes pratiques agricoles et essayer de sensibiliser les populations sur leur manière de consommer et les impacts que cela peut avoir dans le domaine de l’agriculture. »
Benoit Liotard espère bien pouvoir reproduire sa ferme urbaine sur d’autres territoires, grâce notamment à son partenariat avec Cocagne, réseau national d’exploitations maraîchères biologiques. La société a également répondu à l’appel à projet Parisculteur lancé par la Ville de Paris, pour renforcer la place de la nature dans la capitale.