L’Europe a créé plus de 200 écoparcs où les industriels mutualisent les ressources et s’échangent leurs déchets.Ces démarches économiques se déploient rapidement dans les pays en développement.
La France fait la promotion de l’écologie industrielle avec l’ouverture aujourd’hui des premières Assises de l’économie circulaire organisées par l’institut éponyme et l’Ademe. Ce mode de production en circuit fermé ne cesse de gagner du terrain dans l’Hexagone et partout dans le monde, au sein de zones industrielles de nouvelle génération. C’est ce que montrent coup sur coup deux rapports à des échelles différentes. L’agence de l’ONU pour le développement industriel (Unido) va présenter en juillet une étude sur ses 33 parcs référencés dans 12 pays. En Suisse, pays pionnier de l’écologie industrielle, le cabinet Sofies vient de publier une autre étude sur les 300 écoparcs connus dans le monde. Rien qu’en Europe, plus de 200 expériences ont été répertoriées.
C’est certes une goutte d’eau à côté des 12.000 zones industrielles mondiales, mais, pour l’Unido qui aide les pays du Sud à s’industrialiser , ces démarches deviennent un passage obligé. « La moitié de nos opérations consistent aujourd’hui à verdir les industries en développement. Les zones industrielles sont d’excellents points de départ, car elles concentrent des usines et possèdent une gouvernance forte », promet Heinz Leuenberger, directeur de l’activité management environnemental de l’Unido.
Bogota a ainsi regroupé depuis cinq ans 78 transformateurs de cuir dans un écoparc de San Benito pour juguler les grosses pollutions de cette industrie. Au sud de Shanghai, une plate-forme chimique de 71 usines développent depuis 2008 des symbioses sur leurs flux d’éthylène, de chlorine et de chimies fines.
Guillaume Massard, directeur scientifique de Sofies, confirme que le parc est devenu le moyen le plus fréquent d’industrialisation dans le monde. En Europe, l’écologie industrielle dépasse désormais la seule échelle du parc pour s’étendre sur un territoire complet avec par exemple la connection des chaleurs d’usines aux logements avoisinants.
Symbiose industrielle
Tous ces parcs mutualisent la gestion de leurs déchets et les mesures d’efficacité énergétique ou partagent le recyclage de l’eau. Mais un tiers poussent la démarche jusqu’aux symbioses, forme la plus pointue de l’écologie industrielle qui consiste à boucler les flux de matière pour faire des déchets des uns les matières premières des autres.
La réduction de coût est généralement la motivation la plus forte des acteurs de ces démarches. Guillaume Massard cite le cas du parc de Monthey, dans le Valais suisse, où la raffinerie Tamoil récupère les vapeurs de l’incinérateur voisin, économisant chaque année 220.000 tonnes d’eau, 60.000 tonnes équivalent pétrole (tep). « Pour un investissement de 8,3 millions d’euros, ils dégagent 30 millions par an », remarque l’expert. Le complexe chimique de BASF à Ludwigshafen, en Allemagne, économise jusqu’à 1,5 million de tep. Pour Guillaume Massard, la France a intérêt à rattraper l’Allemagne : « il existe ici un grand potentiel de valorisation de la chaleur », promet-il.