La région Bretagne vient d’annoncer les résultats de son appel à manifestation d’intérêt sur l’économie circulaire. De plus en plus de régions s’impliquent dans cette démarche, et les projets se multiplient. La réforme territoriale en cours devrait en outre conforter l’échelon régional dans ce rôle moteur.
Pour beaucoup, l’économie circulaire est encore une notion bien abstraite. Longtemps discutée, sa définition va être précisée dans la loi sur la transition énergétique. Elle ne fait pas que des heureux, car il s’agit bien de faire mieux avec moins, de mettre en place un nouveau modèle économique qui s’oppose au modèle linéaire classique (extraire-produire-consommer-jeter).
Bretagne : 8 projets réalisés dans l’année
Pourtant, sur le terrain, les territoires s’en sont déjà saisis. Ainsi, la région Bretagne vient d’annoncer les résultats de son appel à manifestation d’intention (AMI) sur l’économie circulaire, lancé fin 2014. Parmi les 35 candidatures reçues, 8 projets devant aboutir dans un an ont été retenus. Ils bénéficieront de 108 000 euros de subventions et d’une assistance à maîtrise d’ouvrage par un bureau d’étude. Daniel Cueff, conseiller régional à l’écologie urbaine, se félicite de cette impulsion bretonnne :
Nous voyons ces projets pilotes comme une « école » de l’économie circulaire.
Les crédits sont inclus dans les politiques régionales déjà existantes – innovation, aides aux entreprises, etc. – et non sur un budget spécifique. Parmi les projets retenus, l’écoconception d’un équipement scolaire et périscolaire suivant le principe de la boucle « cradle to cradle », sur la commune de Saint-Hélène (56). « L’objectif est qu’en fin de vie, l’équipement ne génère aucun déchet. Les matériaux doivent donc être réutilisables ou compostables » explique le maire, Pierric Le Fur.
L’économie circulaire figure également dans la stratégie régionale de développement économique, d’innovation et d’internationalisation de la région Bretagne, adoptée en décembre 2013.
Échanges de matière entre les entreprises
La Bretagne n’est pas un cas unique, d’autres régions travaillent sur ce sujet, parfois depuis plusieurs années. Sans être exhaustifs, citons trois exemples emblématiques :
- le Pôle des éco-industries, créé dès 2005 à l’initiative de la région Poitou-Charentes.
- La région Nord-Pas-de-calais, avec la démarche de Troisième Révolution Industrielle et la « vallée du recyclage textile ».
- La région PACA, qui développe la méthode NOVUS (Nouvelles Opportunités Valorisant les Usages et le Service).
« Les régions sont des acteurs clé pour inciter les entreprises à se tourner vers l’économie circulaire et coordonner les démarches, car leur compétence en matière de développement économique est de plus en plus marquée » relève Laurent Georgeault, chargé de mission à l’Institut de l’économie circulaire. Créée en février 2013 par la Fondation Hulot, la Poste, GrDF et la Fédération des entreprises de recyclage, cette association regroupe une centaine de membres, dont quatre régions : l’Aquitaine, l’Ile-de-France, la Haute Normandie et Rhône-Alpes, depuis janvier dernier. L’adhésion de PACA est en cours. Objectif : partager les bonnes pratiques.
Dès cette année, l’institut va coordonner une expérimentation menée dans quatre régions (Aquitaine, Bretagne, Haute Normandie, Rhône Alpes) pour tester la méthode NISP. Développée au Royaume-Uni, cette démarche a pour finalité de faciliter les échanges de flux et de matières entre les entreprises régionales. L’objectif est de mobiliser 150 entreprises par région sur les deux années du projet.
Aquitaine : une feuille de route et 20 propositions
La région Aquitaine est l’une des premières régions à avoir adhéré à l’Institut de l’économie circulaire. Alain Rousset, président de la région et de l’Association des régions de France (ARF) :
Le modèle linéaire a atteint ses limites. Actuellement, il faut un an et demi à la planète pour régénérer les ressources consommées en une seule année. Les régions sont les mieux placées pour permettre l’éclosion de projets d’écologie industrielle. La commande publique peut également être un levier.
La région Aquitaine a ainsi lancé fin décembre une feuille de route « économie circulaire » qui s’articule autour de 20 propositions. Parmi celles-ci, la création d’une plateforme régionale « économie circulaire numérique », le lancement d’un AMI sur l’écologie industrielle, la création d’un observatoire régional des déchets… « L’économie circulaire est une obligation. Le coût des matières premières augmente et leur disponibilité diminue. Nous sommes dépendants de ressources comme les terres rares. Beaucoup d’entreprises se sont déjà engagées dans cette voiepour des raisons de compétitivité économique. C’est aussi un gisement d’emploi important » souligne le président de l’ARF.
Le premier guide méthodologique pour les régions
Fin 2014, l’ARF, l’Ademe et le ministère de l’Écologie ont justement publié le premier guide méthodologique du développement des stratégies régionales de l’économie circulaire.Résultat d’un an de travail collégial, suite à la Conférence Environnementale de septembre 2013, il souligne l’intérêt de conduire des stratégies à l’échelle régionale. Conçu comme un outil stratégique, le guide doit aider à définir des articulations cohérentes entre les politiques publiques : environnement, développement économique, politiques de l’emploi, de la formation, de l’insertion sociale, des transports, de l’aménagement du territoire, etc. Il propose des exemples de réalisations concrètes couvrant les sept piliers de l’économie circulaire. Il doit permettre d’intégrer concrètement ces nouvelles orientations dans les nouveaux contrats de plan Etat-Régions (2015-2020).
La loi Maptam de 2014 a conforté la région comme chef d’orchestre territorial des politiques de développement économique. Ce rôle tendra sûrement à se renforcer davantage encore avec la future loi NOTRe, qui transfèrera notamment la réalisation des plans déchets aux régions et l’étendra aux déchets des activités économiques.
Au niveau européen également, les régions sont actives sur ce sujet. Ainsi, l’Alsace, la Bretagne, l’Ile de France et Rhône Alpes ont adhéré à la convention 2022, une ” initiative multi-acteurs pour accélérer la transition vers un nouveau modèle de développement basé sur une ‘économie circulaire et collaborative’ ” .
Source : La Gazette des communes